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Les réacteurs qu’on abat

Monsieur le Président,

Monsieur le Directeur,22

Chers collègues,

« Chers collègues » : ces mots s’adressent aussi à vous, Monsieur le Président et Monsieur le Directeur, car nous sommes à un moment de l’Histoire de notre site où la communauté de destins prime sur la hiérarchie. Dans une dizaine de jours  le  deuxième  réacteur  du  CNPE  de  FESSENHEIM  aura définitivement cessé  la  production  d’électricité,  une  production  pilotable,  compétitive,  en toute sûreté et sécurité. Nous tous, dans cette salle, savons à quel point la France et l’Europe ont besoin de notre industrie et nous sommes toujours autant révoltés par le bradage de notre site, une absurdité climatique et industrielle. Nous ne pouvons qu’espérer que l’hiver prochain sera assez clément pour ne pas faire regretter trop douloureusement cette hérésie.

Les deux réacteurs qu’on abat, auront en plus de 40 ans de bons et loyaux services alimenté le réseau électrique européen. Ils ne craignaient ni les séismes, ni les tempêtes, qu’elles soient météorologiques, économiques ou technologiques. Ce sont les virus de l’ignorance, de l’incompétence, de l’incohérence, des angoisses contagieuses, du suivisme et des petits calculs politiques qui auront conduit à leur sacrifice. Il leur reste quelques jours pour mener leur mission à terme. Ensuite il faudra faire place nette avec tout autant de savoir-faire et savoir être.

Les deux réacteurs qu’on abat à Fessenheim ont toujours été un symbole : une industrie nucléaire à abattre pour les militants antinucléaires, un chêne qui tient bon dans toutes les tempêtes pour les tenants d’une fourniture d’énergie écologique, économique et indépendante, pour ne pas dire souveraine. Ironie de l’Histoire : entre l’arrêt de la Tranche 1 en février et celui de la Tranche 2 fin juin, les salariés ont fait leur travail avec un professionnalisme exemplaire, alors que le site était au cœur de l’un des épicentres de la pandémie covid19. Ce sera une ultime preuve de la solidité de notre CNPE et de l’engagement de celles et ceux qui le font vivre !

Nos deux réacteurs qu’on abat sont devenus aussi un symbole pour l’accompagnement social annoncé comme exemplaire. Beaucoup aura été fait en ce sens. Le plus grand travail, ce sont les salariés et leurs familles qui l’auront fourni pour construire la suite de leur parcours professionnel et personnel. Les élus et militants de la CFE Énergies leur expriment leur plus grand respect ! Cet accompagnement  sera-t-il  vraiment  exemplaire ?  C’est  seulement  avec  du  recul qu’on pourra le dire, dans quelques années. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, tout particulièrement pour les collègues qui ne veulent ou ne peuvent pas quitter la région. Nous tirerons des enseignements précieux de ce redéploiement, entre autres au Comité d’Entreprise Européen, où un groupe de travail se penche sur les fermetures de sites industriels. Fermer les sites n’est certainement pas un objectif, mais si c’est inéluctable, il faut le faire en limitant autant que possible la casse sociale.

En tant que salariés d’EDF nous ne pouvons pas non plus nous désintéresser du bassin économique qui risque d’être sinistré pendant au moins quelques années. La CFE Énergies soutient bien évidemment le projet de technocentre ainsi que les mesures d’accompagnement des salariés des entreprises prestataires.

Les deux réacteurs qu’on abat ne doivent enfin et surtout pas devenir le symbole d’une industrie que d’aucuns voudraient abattre tout entière. La crise sanitaire de ce printemps a  mis en exergue  le  besoin d’indépendance  pour leurs  industries vitales, qu’ont notre pays et notre continent. Ils ont besoin de salariés qui ont le sens du service public chevillé au corps, entre autres dans le domaine de l’énergie. La crise a aussi montré à quel point nous avons besoin de réajuster les priorités à long terme. EDF doit être débarrassé de l’ignominieuse AReNH et EDF n’a que faire d’un Hercule qui a bondi d’une drôle de boite magique et qui doit définitivement y retourner. EDF a besoin d’une production d’électricité bas carbone, durable, à prix équitable et socialement responsable, telle que nous avons toujours su produire et fournir.

Vous pouvez compter sur la CFE Énergies, Monsieur le Président, pour être à vos côtés quand il s’agit de défendre notre entreprise et notre industrie. Nous comptons sur vous pour défendre les droits et la reconnaissance des salariés.