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100 % renouvelable, pas si fastoche que cela !

Lors du débat national sur la transition énergétique de 2013, les promoteurs d’une sortie du nucléaire rapide et irréversible avançaient sans aucune retenue le scénario Négawatt de réduction drastique des consommations énergétiques couplé à l’illusion d’une électricité 100 % d’énergies renouvelables (EnR). De fait, ils oubliaient à dessein les fondamentaux des systèmes électriques, et notamment la tenue en tension et en fréquence grâce aux machines tournantes pilotables, et les réalités que l’on peut constater dans les zones non-interconnectées où un taux de pénétration des EnR intermittentes de plus de 30 % met en risque la stabilité électrique.

L’ADEME (*) a beau avoir embrayé dans cette illusion, les faits sont têtus. Jean-Marc JANCOVICI vient de publier une remarquable étude « 100% renouvelable pour pas plus cher, fastoche ? » où il remet les pendules à l’heure. Si on cesse de raisonner en MW installé, mais en MWH disponible au moment où les français ont besoin de leur électricité, alors l’équation économique du scénario 100 % renouvelable nous saute aux yeux : insupportable et non finançable.

Quant à l’argument des emplois créés par les énergies renouvelables, les plans sociaux à GE Hydro et chez Siemens nous le rappellent crûment : ce n’est pas un argument militant, il doit être objectivé dans un débat qui doit rester sérieux. Et au final, si les milliards d’euros publics destinés à soutenir les EnR conduisent à importer des matériels conçus et fabriqués hors d’Europe, alors les seuls emplois créés par les EnR, et demain le stockage, seront des emplois d’installation de matériels importés, emplois qui ne sont pérennisés qu’en n’arrêtant jamais d’implanter parcs éoliens et fermes solaires, quels qu’en soient le coût économique et l’impact dans les territoires.

Le mérite des travaux de Jean-Marc JANCOVICI, c’est de mettre un peu de rationalité économique dans le débat en cours sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Si la CFE Énergies défend un mix électrique résilient parce que diversifié et équilibré, elle n’en considère pas moins que le développement des énergies renouvelables et du stockage, tel qu’annoncé par le Gouvernement pour cette PPE, doit être raisonné et raisonnable, économiquement mais aussi socialement. Objectiver le débat en analysant les coûts pour la collectivité mais aussi la réalité des emplois et de la structuration de filières industrielles nationales intégrées, c’est ce que la CFE Énergies demande, c’est ce à quoi le Gouvernement doit s’attacher.

Pour que collectivement nous sortions des totems et des illusions, et ainsi mettre la France en marche… vers une politique énergétique pragmatique et cohérente !

(*) Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie

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