Risques pour la sécurité du système électrique français
À moins de trois semaines de la fermeture du second réacteur de la centrale de Fessenheim, RTE appelle à « une très, très grande vigilance » face à la « situation inédite » à laquelle le système électrique français sera confronté cours du prochain hiver. La CFE Énergies considère que cette alerte de RTE vient confirmer qu’on ne peut pas à la fois anticiper la fermeture de capacités pilotables de production électrique bas carbone en parfait état de fonctionnement, se prétendre exemplaire au plan climatique et assurer la sécurité électrique des Français. Loin des idéologies et des effets de mode électoralistes, le passage de l’hiver oblige les décideurs à faire preuve de cohérence et à revenir sur terre.
Alors que l’Allemagne vient de confirmer la mise en service d’une centrale au charbon flambant neuve dans la Ruhr pour préserver des moyens pilotables de production essentiels à la sûreté de son système électrique, la France s’apprête elle, dans quelques semaines, à fermer le second réacteur de la centrale de Fessenheim. La CFE Énergies cherche toujours la cohérence d’une décision qui va définitivement priver la France d’un moyen compétitif de production bas carbone alors que l’urgence climatique est dans tous les esprits, que la neutralité carbone est désormais le cœur du projet européen et que le redressement économique du pays post-crise passe par une électricité compétitive et garantie.
Dans ce contexte, RTE alerte sur les risques pesant sur la sécurité du système électrique français lors du prochain passage de l’hiver, en mettant en exergue le caractère inédit de la situation tout en rejetant l’hypothèse d’une coupure involontaire et massive. Face à cette vigilance de RTE, le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire en est réduit à préconiser l’achat de thermostats intelligents pour passer l’hiver sans coupures d’électricité. On a connu communication plus rassurante !
Alors que la planification des arrêts de tranche du parc nucléaire a été percutée de plein fouet par les effets du confinement décidé par le Gouvernement, la difficulté à passer l’hiver sera d’autant plus grande que le système électrique aura été privé de 1800 MW de puissance électrique pilotable issue des deux réacteurs de Fessenheim fermés au 1er semestre.
Pour la CFE Énergies, c’est une démonstration supplémentaire que fermer de manière anticipée des moyens pilotables de production en parfait état de fonctionnement n’est pas qu’une absurdité industrielle et climatique, c’est aussi une hérésie électrique qui met la France à la merci d’une vague de froid ! Si le Gouvernement a su faire preuve de pragmatisme vis-à-vis de la centrale de Cordemais au nom de la sécurité électrique de l’ouest de la France, il doit pouvoir faire preuve de la même cohérence, au nom de la sécurité électrique des Français, pour l’évolution du parc nucléaire français.
Dès lors, comme elle l’avait fait dans l’exercice du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, la CFE Énergies persiste à considérer que l’approche politique consistant à fermer de manière anticipée plus de 10 réacteurs nucléaires d’ici 2035 fait perdre au système électrique la manœuvrabilité nécessaire pour faire face aux incertitudes et aux chocs comme l’a été la crise du coronavirus. Loin de toute tactique politicienne ou de toute approche idéologique, la sécurité électrique des Français exige cohérence et pragmatisme.
A l’heure où le Président de la République vante les mérites de la souveraineté voire d’un « souverainisme réinventé », l’offensive de la Turquie et la Chine dans l’espace énergétique méditerranéen doit conduire le Gouvernement à faire preuve d’esprit de responsabilité dans les décisions qu’il prend dans le secteur nucléaire qui est un outil de puissance industrielle et de souveraineté énergétique, voire de souveraineté tout court, pour la Nation.
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